Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/272

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Les divagations de certains professeurs de droit sur la criminalité atteignent le ridicule. Ils font raisonner le criminel comme ils raisonneraient eux-mêmes et agir d’après les mêmes motifs. N’est-ce pas enfantin de vouloir assimiler l’état d’esprit d’un bandit à celui d’un professeur de droit ?

Monsieur Chaumet, député de la Gironde, s’est montré beaucoup plus intelligent en écrivant les lignes suivantes sur la nécessité des peines corporelles, pour limiter les progrès effrayants de la criminalité :

Je m’excuse de scandaliser les âmes sensibles. Mais je le déclare tout net : je demande qu’on punisse de châtiments corporels les jeunes voyous qui commettent tant de lâches et d’odieux attentats contre les personnes.

Avant de philosopher, il faut vivre. La question n’est pas de savoir si les criminels sont responsables, mais s’ils sont dangereux. Hélas à cet égard, il n’y a point de contradiction. Il n’est pas de jour où nous n’ayons à enregistrer des agressions sauvages, des meurtres, des guets-apens, des assassinats, commis le plus souvent par de tout jeunes gens, et parfois sans motif apparent, par bravade, pour rien, pour le plaisir.

Faites l’analyse psychologique de ces voyous. Elle n’est guère compliquée. Ce sont des paresseux, des jouisseurs, mais surtout des cabotins. Au lieu de travailler dans l’usine ou sur le chantier, ils trouvent plus commode de se faire entretenir par des filles. Ils promènent leur prétentieuse oisiveté de cabarets en cabarets, plastronnant devant leurs pareils, désireux de paraître plus audacieux, moins scrupuleux que le voisin, jaloux de provoquer l’admiration particulière de leur milieu très spécial.

Le voyou tue souvent pour voler, mais plus encore par gloire. Que de fois avons-nous lu dans les journaux ces exploits significatifs : "Parie un litre que je dégringole le premier bourgeois qui passe !" Le pari est tenu… et gagné. Voici un brave homme, un père de famille lâchement assassiné par un gamin affolé de cabotinage.

Il faut donc, quand nous songeons à nous défendre contre les voyous, tenir compte de ce trait essentiel de leur caractère. Les pénalités, pour être efficaces, doivent d’abord n’être pas de nature à ajouter un rayon à l’auréole qu’ils ambitionnent.

Le principal avantage des châtiments corporels est