Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/60

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tion violente de la société. On jugera de cette évolution par le passage suivant emprunté à une interview de leur ministre :

Jamais fonctionnaires des postes n’avaient osé tenir, dans une réunion publique, des discours aussi nettement révolutionnaires que ceux que j’ai dû relever. L’un des agents poursuivis n’a-t-il pas pris, ces jours derniers, la parole dans une réunion publique pour y préconiser “l’action énergique et concertée contre le patronat, le capital et les pouvoirs publics.” Et, dans cette même réunion, savez-vous à quoi l’on s’est engagé ? On s’est engagé “à propager les idées antimilitaristes, à détruire les derniers remparts derrière lesquels se dérobent l’exploitation capitaliste et son complice l’autorité, représentée par les pouvoirs publics.”


Les progrès grandissants de l’anarchie dans les masses eurent toujours pour principale cause la faiblesse des gouvernements.

De leçons tant répétées finirons-nous par retirer quelque fruit ? Le Gouvernement arrivera-t-il enfin à déployer un peu d’énergie contre de petites bandes d’énergumènes, auxquelles, sous prétexte de liberté d’opinion, on laisse prêcher le sabotage, l’incendie, la révolte et la destruction de la société qui les tolère sans oser leur appliquer les lois ?

La répression de tous ces révoltés devient d’ailleurs plus difficile chaque jour. Inutile de les condamner puisqu’ils sont immédiatement amnistiés. Dès le lendemain de la grève des postiers, certains parlementaires tremblants proposèrent l’amnistie des insurgés et amenèrent beaucoup de députés à voter avec eux. J’imagine que ces derniers durent rougir quelque peu d’une pareille pusillanimité.

Les meneurs actuels ne sont pas seulement dangereux par les actes qu’ils provoquent, mais surtout par les idées qu’ils font éclore dans les cervelles populaires, idées qui suffisamment mûres finissent par engendrer les révolutions. Souvenons-nous de la Commune et de l’incendie d’une partie de la capitale pour nous représenter ce que peuvent devenir les foules entraînées par d’insidieux discours.

Conseillons donc la défense, mais sans trop l’espérer, car le fantôme de la peur qui a remplacé les anciennes