Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/34

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l’impute. Beaucoup des récits où elles figurent nous les représentent, en effet, comme ennemies nées de la malpropreté et du désordre. Elles pénètrent, elles aussi, dans les maisons, inspectent le ménage et se montrent impitoyables pour les gens qui négligent de jeter dehors les eaux sales[1]. La confusion des morts et des fées est donc évidente dans l' Echtra Nerai. Un passage du Togail Bruidne dâ Derga (La destruction du château de Dâ Derga) fournit un argument encore plus caractéristique peut-être à l’appui de la doctrine de M. d’Arbois. Comme le roi Conaire est en voyage, il aperçoit en avant de lui, sur la route, trois hommes rouges à cheval. Il dépêche vers eux un de ses guerriers pour leur offrir d’entrer à son service, et il en reçoit cette réponse : « Nous montons les chevaux de Donn Tetscorach, du séjour des sidhe : bien que nous soyons vivants, nous sommes morts. » Les trois hommes rouges avaient été bannis du pays des sidhe pour avoir menti[2].

Mais ces textes sont les seuls où l’on ait affaire à de véritables revenants. Par ailleurs, toutes les fois que des êtres venus de l’autre monde apparaissent dans l’épopée irlandaise, ces êtres sont des fées, et non des morts. Dans les croyances


1. Voir par exemple Curtin, Tales of the fairies, p. 178-179.

2. Whitley Stokes, The destruction of Dâ Derga’s hostel (Revue celtique, t. XXII, p. 39).

  1. Voir par exemple Curtin, Tales of the fairies, p. 178-179.
  2. Whitley Stokes, The destruction of Dâ Derga’s hostel (Revue celtique, t. XXII, p. 39).