Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/384

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Il lui demanda l’aumône.

— Volontiers, répondit la belle dame, mais d’abord faites comme moi. Prenez une de ces grosses pierres qui sont là, dans la lande, et venez la déposer sur la tombe où je vais moi-même déposer celle que je porte.

Le mendiant obéit. La belle dame l’en récompensa, en lui glissant dans la main un louis d’or tout neuf.

Vous pensez si le mendiant remercia.

— Promettez-moi, dit la belle dame, qu’à chaque fois que vous passerez en ce lieu, vous ne manquerez jamais de faire ce que vous avez fait aujourd’hui.

— Je vous le promets.

— Je souhaiterais aussi que vous fissiez la même recommandation à toutes les personnes de votre connaissance qui ont coutume de voyager dans la montagne.

— Je le ferai.

— Au surplus, je puis vous le confier : c’est l’âme du roi Marc’h qui est enfermée ici. Elle sera sauvée le jour où, de ce tas de pierres que nous venons de commencer, elle pourra voir le clocher de la chapelle qui est de l’autre côté du mont. Le roi Marc’h a toujours été bon pour les gens de votre sorte. Rendez-lui du moins en cailloux ce que vous avez reçu de lui en pain et en menue monnaie. Soyez assuré d’ailleurs que sainte Marie vous en saura gré.

Vous l’avez deviné déjà : la belle dame n’était autre que sainte Marie elle-même.

Le mendiant s’acquitta en conscience de la commission de la sainte.

Depuis lors, il s’est écoulé plus de cent ans.