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Page:Le Cri de Toulouse 1911-11-24.djvu/5

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NOTES & INFORMATIONS
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le télégramme déménage

Le Télégramme a bien voulu faire au public certaines confidences sur sa prochaine installation dans la rue du Canal, où ses poumons pourront se donner de l’air.

Il est vrai que, de la rue du Canal, notre confrère ne fait aucune mention, ce qui semblerait indiquer qu’il entend respirer du seul côté de la rue Constantine et traiter l’autre par le mépris.

À cette occasion, Le Télégramme nous apprend qu’il se sentait « un peu à l’étroit » dans son immeuble actuel, et il ajoute que « son Conseil d’administration eut tôt fait de s’en apercevoir ».

Nous nous réjouissons de cette perspicacité, faute de laquelle nos excellents camarades de la rédaction n’eussent pas tardé à s’étioler dans des salles insuffisamment spacieuses, où d’autres confrères n’avaient vécu, pendant dix-sept ans, que par miracle et grâce aux ballons d’oxygène dont on les approvisionnait.

Ce qu’il y a de plus curieux, bien que Le Télégramme ait négligé de nous en informer, c’est qu’au moment où son Conseil d’administration s’apercevait de ce détail, le propriétaire s’apercevait d’un autre, à savoir qu’il avait intérêt à changer de locataire pour toucher un loyer supérieur.

C’est dire que l’entente a été des plus faciles.

Le Télégramme nous apprend, en outre, comment sera divisée sa bâtisse ; les water-closets seront au rez-de-chaussée et une cabine gratuite sera mise à la disposition des gens qui ne savent où aller. (Prière de ne pas engager la tête dans la lunette).

Au sous-sol, agrémenté de vingt-et-une ouvertures, on taillera les cheveux ; pour la barbe, s’adresser à la rédaction.

Un salon spécial y est prévu pour être mis à la disposition des hommes politiques patronnés par Le Télégramme. C’est ce que, fort à propos, et avec une notion très juste de son influence électorale, notre confrère appelle le « Vestiaire ».

Enfin, au deuxième et dernier étage, se trouvera la Salle d’Armes !

La rédaction de L’Express, en lisant cette menaçante information, l’a tout de suite prise pour un avis d’avoir à se bien tenir.

Or, il n’est pas question d’alarmer qui que ce soit.

Depuis que M. Bouasse a démontré l’inutilité du duel, Le Télégramme a décidé de ne jamais exposer son corps rédactionnel à perdre un de ses membres.

La vérité est beaucoup plus simple ; par « Salle d’Armes », il faut entendre l’endroit où seront remisés les canons de l’Église, seules armes dont les républicains, nuance du Télégramme, consentent à se servir.

M. Beurdeley s’en varrive
M. BeurdeM. Martin arrive

Le Rapide, qui est, d’ordinaire, le journal le mieux instruit des affaires locales, annonçait, à la date du 7 novembre dernier, que M. Martin, chef adjoint du cabinet de M. le Garde des Sceaux, allait être nommé Secrétaire général de la Haute-Garonne.

Le Rapide avait raison puisqu’aujourd’hui cette nomination est officielle. Nous nous en réjouissons, car M. Martin est un esprit des plus cultivés et un homme avec qui les relations ne peuvent qu’être cordiales.

Très au courant de la situation politique et administrative du département, M. Martin rendra certainement de grands services, et si jamais il lui prenait envie de nous imposer son ours, il le ferait avec une si exquise courtoisie que tout le monde y souscrirait.

M. Beurdeley, qui laisse surtout, à Toulouse, le souvenir d’un homme élégant, s’en va dans la Haute-Loire, administrer une Préfecture où l’harmonie règne sans cesse, car, chaque fois qu’on parle d’elle, on dit : « Le Puy qui chante ».

M. Beurdeley, qui était un des meilleurs clients de l’industrie corsetière, ne doit pas quitter sans regret une ville où il passait à juste titre, pour l’arbitre des belles manières.

Dans sa nouvelle situation, il va se trouver en concurrence avec la « Vérité » dont la tenue, quand elle sort du Puy, est des plus sommaires.

Espérons que M. Beurdeley s’abstiendra de la suivre sur ce terrain.

Visitez les agrandissements des Grands Magasins : Au Capitole

M. Jean Cruppi

Nous devons à l’obligeance de notre distingué compatriote M. Savignol, dessinateur et humoriste bien connu, de pouvoir publier la très spirituelle charge de M. le Ministre de la Justice. Ce dessin, qui figurait l’an dernier « au Salon des humoristes » de Paris, a fait également partie des œuvres françaises envoyées à l’exposition de Copenhague.

M. Jean Cruppi qui, malgré sa fonction, est un homme d’esprit, sera le premier à s’amuser de cette originale et plaisante composition.

Il est vrai que M. le Garde des Sceaux a, pour l’instant, d’autres chats à fouetter.

Sans parler de « chats fourrés » auxquels il vient d’imposer le supplice de l’inspection, il a présentement à se défendre contre les attaques du sénateur Charles Humbert.

M. Charles Humbert est un homme génial et sympathique. On lui doit déjà quelques réformes de génie.

C’est lui qui demanda, naguère, au Ministère de la Guerre, que le commandant militaire du Palais Bourbon fût choisi parmi les officiers malades ou convalescents. Il est, en effet, absurde — et le ministre le comprit — de prescrire à un officier bien portant de garder la Chambre.

Un mot de Jaurès

Un mot terrible de M. Jaurès, sur le Ministre, des Affaires Étrangères, qui est presque notre compatriote.

On taquinait M. de Selves. On s’étonnait, à propos d’une interpellation sur les affaires de la Tunisie, qu’il eût tant tardé à en accepter la discussion. Et certains députés marquaient leur surprise de voir le Ministre des Affaires Étrangères si peu au courant des questions qui ressortissent à son département.

Alors, M. Jaurès ?

— Que voulez vous ? M. de Selves est une ignorance encyclopédique !…




VARIÉTÉ
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gardons nos trésors
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Le vol de la « Joconde » pourrait, à la rigueur, être considéré comme une excellente affaire en ce sens que, depuis qu’il a été accompli, tout le patrimoine artistique de la France, y compris celui des colonies et de protectorat, est l’objet d’une surveillance rigoureuse et ininterrompue.

À Toulouse, à l’instigation de M. Feuga, M. Rieusset, le sympathique chef de notre bureau des beaux-arts, n’a pas perdu son temps, Il a pris à l’égard de nos richesses municipales, des mesures qui pour être radicales n’en sont que plus conservatrices.

C’est ainsi que la statue d’Henri IV exposée, comme on sait, dans la cour du Capitole, est retirée, tous les soirs, de sa coquille et transportée dans le cabinet de M. Feuga. M. Rieusset estime que le voisinage de la police municipale n’a rien de rassurant pour la statue en question.

En outre, l’administration ayant eu vent que de riches Américains, déguisés en touristes, rôdaient depuis quelque temps autour du Donjon, M. Rieusset vient de décider que des rondes de nuit seraient désormais effectuées, par les pompiers, autour de ce monument pour s’assurer qu’il est toujours en place et pour éviter qu’on lui substitue une copie.

En vue de ce service et pour parer à toute éventualité, chaque pompier a reçu un paquet de cartouches ; on a provisoirement jugé inutile de leur donner le fusil. Comme nous nous étonnions de ce détail, M. Rieusset nous a fait observer qu’il en était ainsi, dans l’armée, depuis bien longtemps, à cette différence près que les soldats, ont, en général, le fusil sans les cartouches, ce qui, dans le fond, revient au même.

Bien entendu, c’est autour de la Salle des Illustres qu’ont été prises les précautions les plus méticuleuses. On sait qu’il y a là un tableau de Benjamin Constant, sur lequel il est on ne peut plus facile de faire main-basse. La « Joconde », en effet, était fixée au mur par quatre pitons ; ce n’était peut-être pas énorme mais, enfin, c’était quelque chose. Or, le tableau de Benjamin Constant est entièrement libre sur son chevalet ; il n’y a qu’à le prendre sous le bras et sortir !

L’occasion la plus favorable, pour un rapt de cette espèce, serait le moment ou siège le Conseil municipal, d’abord parce qu’à cette heure là toute la police de Toulouse est dans la salle des séances, ensuite parce que si d’aventure on voyait sortir le voleur, avec cette machine sous le bras, tout le monde le prendrait pour un élu socialiste emportant le dossier de l’École vétérinaire ; on ne le saluerait seulement pas !

Pour parer à une catastrophe de ce genre et pour rendre aussi difficile que possible l’enlèvement du pape Urbain II, l’œuvre de Benjamin Constant va être scellée au mur au moyen de quatre pains à cacheter. En outre, un fil va être tendu autour de la toile ; pour arriver jusqu’à elle il faudrait le briser ! Bien que ce fil ne soit pas électrique, un écriteau préviendra le public qu’en y touchant on est sûr de recevoir une pile !

À bon entendeur salut ?