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le budget des plaisirs
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Depuis le 1er janvier 1911 jusqu’au 31 octobre dernier, soit pendant une période de six mois, la population toulousaine a consacré la somme de douze cent mille francs, en chiffre ronds, aux différents spectacles de notre ville.

Par spectacles, nous entendons les théâtres, les concerts, les cinématographes, les sports, les bals, etc.

Toulouse compte quatre théâtres : le Capitole, les Variétés, le Théâtre Lafayette et les Nouveautés.

Ces quatre théâtres se sont partagé, depuis le 1er janvier, la somme de 754.567 francs, dont 68.597 fr. sont allés alimenter le budget des Hospices et du Bureau de Bienfaisance.

Quatre Cinématographes : le Pathé, l’Apollo, l’Américan et le Cinéma Lafayette ont fait une recette collective de 135.817 fr. donc 13.280 francs sont allés aux pauvres.

Les Sports ont prélevé sur la population la somme 30.000 francs.

Les trois Cirques qui sont passés à Toulouse, depuis le mois de Janvier, ont fait une recette totale de 41.000 francs. Le Cirque Rancy, le dernier en date, s’est adjugé à lui seul, 28.000 francs.

La recette des bals et concerts organisés pendant ces dix mois, dans l’ensemble de la ville, s’est élevée à la somme de 35.000 francs.

Les spectacles organisés aux arènes, dans le courant du mois de juillet, ont produit 43.000 francs.

Enfin, divers autres spectacles isolés ont recueilli un peu plus de 80.000 francs.

Il est intéressant de connaître dans quelle proportion chacun de nos théâtres a participé au soulagement des pauvres de Toulouse.

On sait que la Commission dite « du droit des pauvres » prélève dix pour cent sur la recette brute de chaque représentation.

Le Théâtre du Capitole, pour les mois de janvier, février, mars et avril, a payé, sur ces bases, un total de 11.545 francs.

Le Théâtre Lafayette a payé, du 1er janvier au 31 octobre, 12.806 fr.

Le Théâtre des Variétés a versé 24.600 francs au budget des pauvres.

Enfin, le Théâtre des Nouveautés a produit 17.650 francs.

Nous publierons, dans notre prochain numéro, une revue détaillée des recettes comparatives de nos théâtres.




dans les coulisses

Les trois directeurs du théâtre des Variétés sont en conciliabule, le soir d’une des dernières de la Veuve Joyeuse.

M. Ric. — C’est vraiment merveilleux, il suffit d’annoncer la dernière de la Veuve Joyeuse pour faire salle comble.

M. Réveil. — Annonçons la souvent…..

M. Audo. — L’idée est des plus heureuse mais je ne sais pas si ça prendra toujours.

M. Ric. — Bien parlé, Audo, mettons un terme à cet emballement populaire, à cette débauche de Veuve Joyeuse ». D’ailleurs Capoul nous quitte et il serait pour l’instant assez difficilement remplaçable. La représentation de lundi prochain avec notre ami Détours dans le rôle de Figg, clôturera cette longue série pour cette année.

M. Réveil. — Ah ! à propos, je viens de signer avec Mme Bernals et M. Beauval, les créateurs de l’œuvre de Franz-Lehar à Marseille et à Lyon. Pour l’instant, ils donnent quelques représentations à Bordeaux, mais ils débuteront aux Variétés le 15 janvier prochain.

M. Audo. — Que vont-il nous donner ?

M. Réveil. — Mais la « Veuve Joyeuse » parbleu ! Le seul et le vrai succès pécuniaire surtout.

M. Audo. — Pour l’instant, récapitulons un peu. Mariette Sully nous quitte le 25 novembre, après avoir joué la « Petite Bohême » et « Miss Helyett » .

M. Ric. — Pourquoi Miss Helyett ? cette opérette n’a jamais eu le don d’emballer la population.

M. Audo. — Mon cher ! le petit Berthaud m’a supplié de donner cette reprise. Il paraît qu’il y est à croquer.

Voyons, où en étais-je déjà ?

Donc, Mme Tariol Baugé arrive le 27 Novembre et débutera dans la « Mascotte » le 28 au soir. Son engagement porte qu’elle interprétera « Les Brigands », « La Grande Duchesse », « Boccace » et autres pièces du répertoire. Je vois luire à l’horizon d’excellents jours.

M. Ric. — Vous savez également que M. Berthaud part le 7 décembre. Avez-vous pourvu à son remplacement ?

M. Audo. — Je suis en pourparlers avec M. Aymeri, qui, dit-on… Mais chut !… chut !…

M. Réveil. — Ah ! non assez de réminiscence de la « Veuve Joyeuse ».

M. Audo. — Chut ! Voici M. B…, député, arrêtons là notre conversation. Tout le théâtre pourrait être prévenu de nos projets. Réservons la surprise.

L’habilleuse de la première.


à la comédie française

Samedi dernier, au cours de la représentation de La Brebis perdue, s’est produit un curieux incident :

Tandis que le rideau baissait, on vit subitement une partie des spectateurs de l’orchestre et du balcon se lever et regarder les étages supérieurs. Bientôt toute la salle fut debout, chacun demandant anxieusement à son voisin : « Qu’y a-t-il ? » Hélas ! personne ne pouvait le dire, car il n’y avait rien. Aussi devant sa méprise, tout le public partit-il d’un éclat de rire homérique. Renseignement pris, cet incident avait été créé par un spectateur qui avait fait le pari de faire lever tous les assistants rien qu’en fixant pendant quelques secondes le plafond.

après la séparation

Il est curieux de constater que depuis îa séparation des églises et de l’État, si le costume ecclésiastique a cessé de paraître aux cérémonies officielles, il a trouvé, du moins, une place importante sur nos scènes nationales.

L’Amour Veille, de MM. de Fiers et de Caillavet, comportait un rôle de simple prêtre, on voyait un évêque dans Primerose, du même auteur. Et si dans la Brebis perdue, de M. Trarieux, il y a encore un évêque, il est, cette fois, escorté par deux abbés.

Il ne paraît pas douteux que la prochaine pièce se passera dans un séminaire ou dans un couvent.

académie des théâtres

Ils seront cinquante auteurs, directeurs, compositeurs et amateurs de théâtre, — parmi lesquels se sont déjà glissés quelques inconnus, afin que cette académie ne soit pas trop différente des autres, — qui vont se réunir régulièrement sous l’imposante présidence de M. Georges Berry, pour discourir, chaque mois, des choses du théâtre.

Voici les statuts élaborés, à la première rencontre, par les vingt-cinq membres bénévoles de cette académie, parmi lesquels nous citerons : MM. d’Andigné, André Antoine, Clément Bannel, Georges Berry, Robert Beunke, Adolphe Brisson, Émile Broussan, Couyba, Deville, Henry Dubosc, Erlanger, Paul Ferrier, marquis de Fresnoys, Pedro Gailhard, Gérard, Julien Goujon, Émile et Vincent Isola, Xavier Leroux, Camille Le Senne, Émilie Massard, Melchissédec, André Messager, Paul Meunier, Adrien Oudin, Miguel Zamacoîs :

Article premier. — Il est fondé à Paris une Association sous le nom d’Académie des Théâtres.

Art. II. — Elle a pour objet d’étudier toutes les questions se rattachant au théâtre, afin de favoriser et développer l’art dramatique sous toutes ses formes.

Art. III. — Son siège est fixé rue Puvis-de-Chavannes, 14, mais pourra être ultérieurement transféré ailleurs par simple décision du bureau.

Art. IV. — L’Académie des Théâtres comprend 50 membres recrutés à l’élection, sauf les 25 premiers, etc., etc.

« britannicus » et les femmes

Dans une matinée classique, l’Odéon a donné une représentation de Britannicus, dont l’attrait ne laissait pas de rappeler, par certains aspects, les représentations de Saint-Cyr, qui furent l’honneur de Mme de Maintenon. Les rôles de Néron et de Britannicus étaient tenus par deux artistes du sexe le plus beau : Mlles Ventura et Andrée Pascal. Cette tentative avait provoqué le plus vif empressement du public ; la salle était comble ; on a dû refuser du monde. Les ovations furent nombreuses.




GAZETTE MONDAINE
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MONOLOGUES ORIGINAUX

Un Monsieur qui me fait la Cour

Depuis quelque temps, un monsieur
Me fait la cour ; la chose est sûre.
Je le trouve partout ; bien mieux,
J’ai remarqué sur sa figure
Un petit air très expressif
Lequel, je ne m’y trompe guère,
Dit, mieux que je ne saurais faire,
Combien ses sentiments sont vifs.

En cachette je le regarde
Quand je promène avec maman.
Pour rien laisser voir, Dieu m’en garde,
Je me surveille énormément.
Un coup d’œil à la dérobée,
Le temps de l’observer un brin
Lorsque mère, très absorbée,
Près de moi poursuit son chemin !

Quel que soit notre itinéraire,
Je le retrouve sur mes pas :
Il suit à cent mètres derrière.
Très à l’aise, sans embarras.
Lorsque devant une vitrine
Nous nous arrêtons un instant,
Il s’arrête aussi, m’examine,
Nous reparlons en même temps.

Je n’aurais pas cru, je vous jure,
Que l’on pût ainsi, chaque jour,
Pencontrer partout la figure
Du monsieur qui vous fait la cour ;
C’est un petit jeu que j’adore,
J’y prends un plaisir infini
Et je voudrais qu’il dure encore,
Même lorsqu’il sera fini.

Hélas ! au train dont sa cour marche,
Il est tout à fait évident
Qu’il va tenter une démarche
Ou faire agir quelque parent.
Je lui plais : la chose est certaine
Et je crois même deviner
Qu’avant la fin de la semaine
Avec nous il viendra dîner.

Or j’éprouve quelque tristesse
À penser que prochainement
Ce petit jeu qui m’intéresse
Va comporter un dénouement.
Car on dit que le mariage
Est loin d’offrir aux amoureux
Le bonheur pour lequel l’usage
Exige qu’on fasse des vœux.

Alors ?… Alors, je vais vous dire :
Lorsqu’il demandera ma main,
Avec mon plus joli sourire
Je lui répondrai, c’est certain :
Monsieur, puisque tel est l’usage,
Faites-moi la cour, s’il vous plaît,
Mais renoncez au mariage
Et mon bonheur sera complet.

Maxim.