Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/104

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vie ; pour lui bien des difficultés disparaîtraient ; sa conscience ne lui donnerait plus des ordres, mais des indications, dont sa raison tirerait le meilleur parti en les comparant aux indications actuelles de la loi. Malheureusement, on a beau être athée, on n’est pas parfait ; de ce qu’une des erreurs ancestrales, l’idée de Dieu, manque à la structure de l’athée, il ne s’ensuit pas moins qu’il possède dans sa structure d’autres erreurs, également tyranniques malgré l’absence de l’idée de Dieu, dont elles ont peut-être tiré leur caractère autoritaire et despotique.

Si les principes n’émanent pas d’un Dieu infaillible, s’ils proviennent seulement de contingences sociales passées, il n’y a aucune raison pour qu’ils vaillent mieux que les nécessités tirées des contingences sociales actuelles. Pour un athée vraiment logique, je le répète, il n’y a plus de principes ; il n’y a que les lois humaines.

Cela, sans doute est avantageux dans certains cas, mais ces sentiments absolus restent encore bien tyranniques, même quand on sait que leur caractère absolu est trompeur. Si l’on a une bonne nature, tout en étant athée convaincu, la seule règle de conduite qu’on puisse tirer de l’effondrement de ses principes, c’est de ne pas les appliquer dans leur rigueur quand il s’agit des autres, et de s’en réserver à soi-même toute la sévérité. Implacable pour lui-même, indulgent