aux autres, voilà quelle doit être l’attitude de l’athée, que tant de gens ayant peu réfléchi considèrent au contraire comme devant se laisser aller sans frein à tous ses mauvais penchants. Pour qu’un athée fût vraiment à craindre, comme le prétend Voltaire, il faudrait qu’il fût dépourvu, en même temps, de sens moral et d’idée de Dieu ; mais s’il a du sens moral, son athéisme n’est nuisible que pour lui-même, puisqu’il le force à ne pas appliquer aux autres, ne s’en reconnaissant pas le droit, les règles sévères qu’il ne peut s’empêcher, s’il veut être en repos, d’appliquer à sa propre personne ; c’est là un luxe dangereux et qui désarme dans la lutte.
Cependant, comme dit Diderot, il y a aussi des avantages à être dupe de ses beaux sentiments : « À tout prendre, dit Crudeli, il vaut mieux pour son bonheur en ce monde être un honnête homme qu’un coquin. » La conscience morale est une chose avec laquelle on ne raisonne pas ; c’est un maître exigeant auquel on doit obéir sous peine d’être mécontent de soi ; il y a donc un premier avantage à être honnête homme, c’est qu’on est content de ce qu’on fait. Renan prétend quelque part que Jésus-Christ, qui parlait volontiers par paraboles, désignait sous le nom imagé du « royaume de son père » la satisfaction de la conscience.
Il y a encore un autre avantage, plus palpable,