Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ordres de la conscience ne se discutent pas avec de la raison.

Ainsi l’athée a une conscience morale qui ne lui sert que contre lui-même, parce qu’il est entouré de gens qui se croient libres et responsables, qui, par conséquent, se reconnaissent des droits. Une société d’athées proprement dits ne verrait jamais naître aucun conflit de préséance ou autre ; elle serait comparable à une société de moines vraiment croyants. L’absence de l’idée de Dieu et son plein développement, produiraient les mêmes conséquences ; les extrêmes se touchent.

Chez l’athée qui, par raison, n’admet plus aucun principe, la survivance sentimentale de la conscience morale prend donc le caractère d’une sensiblerie maladive qui peut le rendre pitoyable aux êtres méchants et aux animaux nuisibles. Les anarchistes, quoi qu’ils disent, ne sont pas athées, sans quoi ils seraient désarmés dans la lutte ; leur amour des déshérités n’entraînerait pas la haine du propriétaire égoïste ; s’ils étaient athées, comment feraient-ils pour attribuer une valeur absolue au principe de Justice au nom duquel ils agissent ? S’il n’y a pas de Dieu, la justice n’est qu’un résidu ancestral comme la bonté et la logique.

En résumé, l’athée proprement dit, l’athée raisonneur qui va jusqu’au bout des conséquences de son athéisme est un être désarmé dans la lutte universelle ; il ne saurait être ni juge ni conduc-