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§ 22. — ATTITUDE DE L’ATHÉE DEVANT LA MORT

La mort est le triomphe de l’athée.

De nombreux écrivains religieux, et non des moindres par le talent et l’autorité, ont prétendu qu’en présence de la mort, l’athée, pris de peur, ferait venir un prêtre. C’est là une absurdité impardonnable. Elle a cependant été redite souvent ; et d’ailleurs les hommes de talent qui l’ont soutenue ont une excuse : ils ne pensaient pas aux athées vrais, mais à ces fanfarons de l’anticléricalisme qui, par un sentiment de gloriole inadmissible chez un athée, ont voulu étonner leurs contemporains par le spectacle de leur bravoure. C’est une bravoure chez un anticlérical rempli (il le démontre par ses actes mêmes) de superstitions religieuses, de percer une hostie d’un poignard ou de manger du gras-double le vendredi-saint ; ces actes, pour un athée, sont aussi naturels que de couper son pain ou d’aller au cabinet ; il ne saurait en tirer gloire ; celui qui le fait avec ostentation, ou bien possède sans s’en douter un vieux levain de croyance dont il se moque jusqu’à ce qu’il y succombe, ou bien veut contrister ceux de ses congénères qui respectent les croyances dont il se raille, sentiment qui ne saurait s’allier avec l’athéisme proprement dit, puisque l’athéisme ne laisse place ni à la haine ni à la vengeance.