Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/117

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La mort est, je le répète, le triomphe de l’athée.

Si ses raisonnements l’ont amené à trouver moins de prix à la vie, et cela est incontestable, il a naturellement d’autant moins de peine à la quitter. Mais cette manière sentimentale de raisonner est insuffisante ; l’athée ne redoute pas la mort, puisqu’il est convaincu que la différence n’est pas essentielle entre la vie et la mort ; il croit au néant qui suit la vie, et l’on ne saurait redouter le néant ; l’athée ne craint pas de devenir rien parce qu’il est convaincu qu’il n’est rien qu’un mouvement momentané de matériaux ayant subi par hérédité un certain arrangement. Pour le croyant, au contraire, à moins qu’il n’ait de ses mérites une opinion extravagante, la mort est pleine de la terreur qui précède le jugement. Si l’on me donnait à choisir, pendant ma vie, entre l’athéisme et la foi, j’hésiterais sans doute ; à l’heure de la mort je n’hésiterais pas ; l’athéisme est infiniment préférable. Cela n’empêcherait pas d’ailleurs que j’acceptasse la visite d’un prêtre si cela faisait plaisir aux miens ; ce geste m’est trop indifférent pour que je refuse.

C’est l’une des plus curieuses d’entre les conquêtes de la science humaine que la certitude de la mort. La mort est le phénomène à venir dont l’homme est le plus certain, et cependant, il n’y croit pas. Il n’y croit pas pour lui-même parce que jamais, dans la lignée ascendante dont il dérive,