Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/230

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libre ; il n’est pas libre du monde, mais il est à peu près libre de ses voisins qui n’interviennent dans ses conditions de vie qu’en luttant avec lui pour l’existence. Rigoureusement, deux hommes qui sont enfermés dans un espace limité comme air et comme aliments ne sont pas libres l’un de l’autre, puisque chacun d’eux, quoique ignorant les pensées de l’autre, intervient cependant dans la genèse de ces pensées, en consommant sa part de l’oxygène qui est indispensable à la pensée. Il ne saurait y avoir de liberté absolue, s’il n’y a pas de pensée indépendante de la variation de choses mesurables.

Chose bizarre, et qu’on ne saurait trop répéter, alors que l’on a l’habitude d’opposer comme contradictoires le déterminisme et le finalisme, l’étude moniste de la fabrication évolutive de l’homme montre dans l’observation prolongée, faite par les hommes, du déterminisme humain, l’origine du finalisme. C’est la connaissance héréditaire du fait que tel acte succède à tel mouvement cérébral, qui a permis l’adaptation progressive des « moyens » à la « fin ». J’ai développé ces considérations dans un ouvrage récent[1], je me contente donc de les signaler ; mais je prévois encore ici l’objection des dualistes : « Vous avez nié tout à l’heure la valeur directrice de la

  1. Les Influences ancestrales. Paris, Flammarion.