Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/298

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lité de ma condition d’homme ; cependant j’avoue que le rêve avait du bon ; vous l’aimez, ce rêve dont vous m’avez tiré, et vous voulez continuer de dormir ! M’avez-vous éveillé en rêvant haut ?

En lisant votre plaidoyer pour la conscience active, je n’ai pu m’empêcher de subir le charme de votre langue harmonieuse ; si je savais écrire comme vous, je vous convaincrais aisément, car, n’en doutez pas, mon cher maître, ma cause est meilleure que la vôtre ; prêtez-moi seulement votre plume et vous verrez !

Et d’abord, ma suspicion s’éveille dès le début, parce que vous vous attendrissez sur l’humilité de la conscience épiphénomène. Si vous étiez construit de telle sorte qu’il vous fût pénible d’avouer que la somme des angles d’un triangle est égale à deux droits, ne feriez-vous pas bon marché de votre sensibilité, et n’enseigneriez-vous pas loyalement à vos élèves la vérité euclidienne ? Faisons, en biologie, ce que vous feriez en géométrie ; oublions, vous, la tristesse de notre néant, moi, les consolations que j’en tire ; évitons la logique de sentiment qui, Ribot nous l’a montré récemment, est le plus grand ennemi de cette logique pure dont vous m’avez inculqué les principes au point de me la rendre indispensable à tout jamais ; étudions la vie comme s’il ne s’agissait pas de nous, et sans nous préoccuper des conséquences qu’entraîneront pour nous-mêmes nos conclusions scientifiques. Peut-