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Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/42

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j’aime mieux en venir tout de suite à ce qui me paraît vraiment susceptible d’être scientifiquement discuté, savoir que « nos idées ne nous trompent pas ». C’est là le vrai champ de bataille entre les croyants et les athées ; nous retrouverons la même affirmation dans les preuves dites morales, qui concluent, par exemple, de notre idée de justice, à l’existence d’un souverain juge.

Pour un évolutioniste convaincu de l’acquisition progressive de tous les caractères physiques ou psychologiques qui constituent aujourd’hui notre mécanisme, pour un philosophe qui croit à l’hérédité des caractères acquis, la forme absolue de nos idées n’a rien que de très naturel, et la genèse de ces idées se conçoit. J’ai longuement exposé cette question dans un autre volume[1] de cette collection de philosophie scientifique ; je me contente d’y renvoyer le lecteur. Mais il me semble que, même sans faire intervenir la notion d’évolution, nous constatons en nous l’idée de bien des choses qui n’existent pas. Nous avons l’idée de la ligne droite, nous avons l’idée de la couleur, nous avons l’idée du son ; or nous ne connaissons pas de ligne droite ; direz-vous que la couleur existe, que le son existe ? Je vous répondrai que la couleur résulte de la rencontre de certaines conditions ambiantes et d’un être vivant capable d’en être

  1. Les Influences ancestrales.