Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/43

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impressionné (car il y a des daltoniens, comme il y a des athées), mais qu’il faut deux facteurs pour que la couleur existe, savoir : un état particulier de ce que les physiciens appellent l’éther et un homme clairvoyant. Or nous avons (du moins ceux d’entre nous qui ne sont pas daltoniens) une idée si absolue de la couleur, que nous ne pouvons pas nous imaginer la couleur n’existant pas, même si tous les êtres vivants étaient détruits.

Cet exemple de la couleur me semble bon, mais il n’est pas irréfutable et permettra de discuter longtemps ; je reviens donc, quoique l’ayant déjà exploité ailleurs, et uniquement parce qu’il me paraît le meilleur de tous, à l’exemple tiré de la verticale absolue. J’ai l’idée innée de cette verticale. Si l’on doit me chercher querelle au sujet du mot inné, je dirai volontiers que cette idée, si elle n’est pas innée, c’est-à-dire si elle ne provient pas par hérédité d’une erreur ancestrale longuement accréditée, est née en moi naturellement, par la constatation erronée de la surface plane de la Terre. Qu’elle vienne de mon erreur personnelle ou d’une erreur identique longuement commise par mes ascendants pour les mêmes raisons, ce m’est tout un. En tous cas, j’ai cette idée de la verticale absolue ; il m’est impossible de m’imaginer un corps dans l’espace sans lui voir un haut et un bas ; autant que j’ai pu m’en rendre compte par des conversations, surtout par de naïves remarques