Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/75

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qui puisse arriver à l’enfant guéri, c’est de se voir habiller de bleu ou de vert pomme pendant trois ans.

Si j’étais croyant, je serais humilié de voir rapetisser mon Dieu au point de croire qu’il peut être sensible à la couleur du vêtement d’un gamin, mais, si j’étais croyant, je comprendrais peut-être aussi que toute marque d’obéissance, à propos de la chose la plus insignifiante, prend une valeur en tant qu’acte de soumission. Il est bien difficile à un athée de raisonner les gestes de ceux qui croient ! En tout cas, l’athée le plus convaincu ne pourra pas s’empêcher d’être ému en voyant prier une mère auprès du lit de son fils ; sûrement il ne la raillera pas, pas plus qu’il ne la raillerait s’il lui voyait préparer pour le malade une potion sûrement inefficace. Ce qu’il y a de plus douloureux devant le mystère de la maladie, c’est de rester inactif ; avoir l’illusion de faire quelque chose est un grand soulagement ; la prière procure ce soulagement à ceux qui croient ; ne leur retirons pas cette consolation, parce que nous n’y pouvons prétendre.

Il ne faudrait pas cependant que la croyance à l’utilité de la prière empêchât d’employer les remèdes connus et utiles ; ce n’est plus guère à craindre de nos jours, du moins dans les pays civilisés ; je crois que la mère la plus fanatique ne refuserait pas d’employer le sérum de Roux con-