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Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/93

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comme on parle d’une abeille ; nous avons bien, nous hommes, l’idée d’un Dieu dont on peut parler comme on parle d’un homme !

Cette question me paraît tirer une grande importance du fait indéniable que la croyance en un Dieu personnel donne une grande commodité pour formuler les lois sociales ; aucune considération n’est aussi simple que la nécessité d’obéir à quelqu’un de très fort capable de punir sans indulgence tout manque de soumission ; beaucoup de gens qui seraient insensibles à des palabres émues sur la réciprocité touchante des services rendus entre membres d’une même association, sont fortement impressionnés si on leur parle de loi divine et de châtiment.

Le chien, l’ami de l’homme comme on dit généralement, nous donne un bon exemple de conscience morale résultant d’un sentiment religieux. Les ancêtres du chien étaient vraisemblablement des animaux libres comme les loups et les chacals ; mais ils manquaient de fierté (fier, en latin, se dit ferox), et ils abdiquèrent leur liberté entre les mains de l’homme en échange de sa protection et des reliefs de ses repas. À partir de ce moment la vie du chien fut entre les mains de l’homme, comme celle d’un croyant est entre les mains de Dieu ; la conscience morale du chien devint une conscience morale de serviteur ; son intérêt en fit un serviteur dévoué. Aujourd’hui, après des