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l’autre, en sorte que l’homme ne mourait jamais et se reproduisait continuellement en sa partie, qui était sa femme. Depuis qu’ils ont été séparés, la nature, qui se souvient de cette désunion, veut toujours retourner vers elle-même pour avoir l’ancienne conjonction.

— Ma cousine, demanda Fanchette, qu’est-ce donc que l’amour ?

— C’est un appétit corporel ou un premier mouvement de la nature qui, avec le temps, monte jusqu’au siège de la raison, avec laquelle il habite et se perfectionne en idée spirituelle ; quand la nature est arrivée à ses fins, cette idée ou vapeur spirituelle parvient à se résoudre peu à peu en une pluie blanche comme du lait et s’écoule dans des conduits le long de l’épine du dos ; ensuite elle devient le plaisir de la chose dont elle n’était d’abord que l’idée.

— Et pourquoi est-ce que cette idée chatouille si fort en passant ?

— C’est qu’elle se réjouit à l’approche du moment où elle va se communiquer à la chose aimée.

— Certes, dit Fanchette, cela est bien délicat et agréable ; voilà pourquoi ceux qui sont en cet état ne peuvent rire, vu qu’ils sont si aises, surtout dans le moment où la semence s’écoule.