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— Que vous êtes savante, ma cousine, dit Fanchette. Quand je vous écoute et que je compare vos paroles avec celles qu’une mère dit à sa fille, lorsqu’elle lui prêche la vertu et l’honnêteté, j’y trouve bien de la différence ; les discours qu’elle tient engendrent la mélancolie, au lieu que les vôtres inspirent la douceur et la joie.

— Ainsi va le monde, ma pauvre cousine ; le mensonge prend la place de la vérité ; le préjugé veut contredire l’expérience et les sottises s’érigent en titre de bonnes actions. La virginité est une très-belle chose en paroles et très-laide dans ses effets ; au contraire, la paillardise n’a rien de plus hideux que le nom et rien de plus doux que la chose ; les gens mariés paillardent aussi bien que les autres ; ils font les mêmes actions et prennent plaisir à essayer les différentes postures, comme les garçons et les filles. Cela leur arrive même plus souvent qu’à ceux-là. C’est toujours le membre au trou velu qui agit, et la cérémonie du mariage ne change rien aux mystères d’amour. Mais c’est assez prêcher pour cette fois ; nous ne sommes pas ici pour corriger le monde ; il faut qu’il y ait des fous pour mettre les sages en relief.

— C’est très-bien dit, ma cousine, dit Fan-