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— Non, ma cousine, car à quoi cela servirait-il ; si je savais que cela pût lui être bon à quelque chose, je le lui dirais ; mais autrement je ne saurais me résoudre à faire un pareil aveu.

— Eh bien, précisément, ma pauvre fille, voilà où est ton erreur, car si tu lui avais dit que tu l’aimais, il t’aurait infailliblement montré de quel genre est le plaisir dont je veux te parler, mais il n’a eu garde de le faire dans le doute où il était sur ton amour.

— Ce que vous me dites m’étonne de plus en plus, ma cousine ; comment, parce qu’on aime un homme et qu’on le lui dit, il vous en revient tant de plaisir. Il me semble que quand j’aimerais M. Robinet et cent autres avec lui, je n’en aurais pas plus de plaisir que si je ne les aimais point.

— Cela serait bon, grosse sotte, si on était toujours à se regarder, mais on se touche aussi quelquefois.

— Je l’ai touché plusieurs fois, répondit Fanchette, et encore d’autres garçons, sans que j’en aie eu pour cela plus de plaisir.

— C’est que tu ne touchais que les habits, il fallait toucher autre chose.

— Oh ! de grâce, ma cousine, dit Fanchette,