Page:Le Disque vert, nord, tome 2, 1922 - 1924.djvu/809

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toute méthode d’investigation ne saurait donner de résultats que de provisoires et très relatifs ; si l’homme en effet, parvenait à s’expliquer un jour soi-même à soi-même, il ne serait plus capable d’aucun sentiment, d’aucun désir. (Cette nécessité de n’atteindre point au définitif est d’ailleurs la cause de notre tourment terrestre et quotidien.) D’autre part, la logique d’âme des plus lucides ne tient qu’une fois admis deux ou trois axiomes psychologiques qui ne sont pas du tout des vérités évidentes par elles-mêmes ; les plus courageux d’entre nous demeurent seuls à pouvoir et à vouloir en douter ; mais plus ou moins, et c’est pourquoi il y a des degrés dans la folie, dans le génie.

… Et puis, si la psychanalyse nous garantissait un espoir de révélation humaine intégrale, définitive — il faudrait songer à faire sauter le vieux globe où seul un peu de mystère nous décide à trouver belles les heures, désirables les femmes, et dignes de notre amitié les hommes.

J’ai parlé comme M. de la Palisse et a priori, mais j’avais besoin d’un lourd bon sens qui fit équilibre, car la séduction m’entraîne de cette analyse d’âme qui est bien, à la vérité, la plus troublante des alchimies.

Psychanalyse, alchimie nouvelle, mais qui répugne aux décors des alambics et des cornues. Freud désigne, revêtant les murs, le plafond, le plancher d’une pièce parfaitement carrée, les miroirs qui précisent ce dont si longtemps l’existence demeura insoupçonnée.