Page:Le Disque vert, nord, tome 2, 1922 - 1924.djvu/827

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un atelier où elle se montra régulière et appliquée. Elle était gaie, plutôt enfant, paraissait insouciante, jouait normalement avec les jeunes filles de son âge, lisait les romans les plus romanesques et se plaisait à espérer l’arrivée d’un prince charmant qui l’enlèverait, car elle ne sortait pas souvent, sa mère la surveillant, mais d’une manière très souple.

Depuis le mariage de son frère, il y a deux ans, la maison était devenue moins gaie. Elle fit la connaissance d’un jeune homme : Loulou, avec lequel elle allait quelquefois au cinéma ; ils se rencontraient environ une fois par semaine. Il y eut échange de baisers, de caresses ; mais Ernestine F… refusa de devenir sa maitresse, Loulou ayant déclaré qu’il ne l’épouserait pas et lui ayant proposé de vivre en ménage avec lui. Devant l’insistance de Loulou, Ernestine crut sage de rompre, malgré son très vif sentiment, et dans une scène un peu orageuse, fit comprendre à son ami qu’il n’avait plus rien à espérer d’elle.

Huit jours passèrent, pendant lesquels la malade devint sombre, préoccupée, parut s’ennuyer, et son patron s’aperçut qu’elle ne mangeait pas ; elle avait des distractions devant ses sœurs, parlait des hommes d’un ton détaché, disant qu’elle avait bien le temps de se marier, quand brusquement, huit jours après avoir vu Loulou pour la dernière fois, éclatèrent d’étranges symptômes :

Elle était couchée avec sa mère dont elle partageait le lit, vu l’exiguïté du logis, quand vers minuit, après s’être agitée dans son lit, elle se leva brusquement,