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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/149

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

Il le retourna un instant, le huma, en détacha le bout d’un coup de dent, l’appro­cha de l’allumette que le docteur lui tendait, et se mit à fumer avec un air de contentement. Au bout d’un instant, il sembla chercher quelque chose. Elle avança vers lui un cendrier.

Il se tenait debout, adossé à la cheminée, le torse remarquablement droit.

Elle évoqua une autre silhouette, celle-là autoritaire, à l’aise dans l’habit. Le Grand-Louis porterait bien l’habit.

Encore une fois, qui était cet homme ? Elle avait souvent remarqué la délicatesse avec laquelle il maniait la porcelaine fragile d’une tasse à thé, la cuiller d’argent, le naturel avec lequel, la première fois, il avait ouvert le piano.

Elle revint de sa rêverie en se moquant un peu d’elle-même.

— Bien sûr, c’est un prince ! fit-elle à demi-voix.

Elle ferait mieux de conclure, tout simplement, que Grand-Louis avait déjà fumé un cigare et bu une tasse de thé.

Elle l’acceptait tel qu’il était. Elle l’ai­mait tel qu’il était. Elle n’était même pas loin de désirer qu’il restât toujours l’homme qui lui était apparu en cette nuit d’hiver