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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/168

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

ces fugues, mais on le voyait encore souvent appuyé à la barrière à l’heure du départ, attentif au réveil subit de la petite gare qui retomberait ensuite dans sa somnolence pour la journée, et quand le train était parti, par son chemin fleuri de camomille, il le suivait des yeux, longuement, le corps penché en avant, et retournait sur ses pas la tête basse.

De quels pays avait-il la nostalgie ?

Quel mal le rongeait qui le faisait aller devant lui à grandes enjambées le long de la côte, et parfois oublier de revenir pour le soir, quel regret était au fond de ses yeux perdus dans les lointains et qui se posaient si rarement sur les choses proches ?

Il était si surexcité quand il revenait de ses croisières avec l’abbé Alain ! Il entraînait Ève sur le promontoire, lui montrait dans le golfe les îles jusqu’où ils étaient allés.

L’idée vint à celle qui avait pris entre ses mains son salut qu’il fallait le faire voyager. Le docteur et l’abbé étaient du même avis. Un jour elle consulta des horaires, déplia une carte, traça du doigt un itinéraire qu’elle expliqua à Grand-Louis, et qu’il approuvait de hochements de tête et de grands rires. Il avait compris qu’on prendrait le train le lendemain, qu’on sortirait de Port-Navalo, et il s’appliquait à répéter après elle le nom de Penmarch.