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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/169

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

Quatre heures du matin… Ils se rendirent en trébuchant à la gare, se soutenant l’un l’autre. Les billets étaient distribués à la lueur d’une bougie. Une seule lanterne éclairait la voie. Des femmes attendaient, immobiles dans leurs robes noires. Elles ne parlaient pas à tue-tête comme dans le plein air des landes. Leurs voix étaient réduites à des chuchotements.

Dans le wagon, tout était noir. Grand-Louis s’assit en face d’Ève. Le train démarra avec un huhulement triste. On sentait l’odeur vive de la mer qui réveillait peu à peu le paysage. Une buée claire commença à marquer les carreaux.

Grand-Louis ne disait rien, mais de temps en temps le contact brusque et tremblant des grands genoux révélait à Ève qu’il était ému.

À Vannes, il faisait jour. L’aventure commençait. Il y avait un changement de train, de l’agitation, du monde. Il ne fallait pas le brusquer. Elle plaça fermement la main sur son bras. Quelques minutes plus tard, ils étaient installés dans un compartiment, en route pour Penmarch. Ils se regardèrent comme s’ils venaient de traverser une grande épreuve.

On les regardait aussi, furtivement. Ève s’en rendait compte. C’était d’abord sur lui