Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
160
GRAND-LOUIS L’INNOCENT

que s’arrêtaient les regards. On ne s’expli­quait pas ce qu’il avait d’étrange. Il était ce jour-là vêtu comme tout le monde, bien qu’il eût refusé avec obstination de prendre un chapeau. Mais l’immobilité des traits, la fixité des yeux, la tension du corps rendu plus rigide par l’agitation intérieure, éton­naient.

Elle n’en avait point de gêne. Elle sortait, elle aussi, triomphante de l’épreuve. Elle se rendait compte maintenant qu’il n’était pas, qu’il ne serait sans doute jamais, l’hom­me normal. Mais elle était de part dans son infirmité. Il lui semblait guider les pas d’un aveugle.

À mesure qu’on approchait de Penmarch, le pays devenait plus clair, les villages et les hommes se faisaient plus rares. Il ne restait plus, aux environs des hameaux, qu’une frange d’arbres pélerins, penchés dans le même sens, qui s’en retournaient vers les terres après avoir rendu hommage à la mer éternelle.

Le visage du Grand-Louis se détendait. On ne le regardait plus. Il humait le large à la portière. Il se sentait dans son élé­ment parmi ces Finistériens aux grands traits sévères. Ceux qui montaient dans le wagon disaient en manière de salutation : « Beau temps aujourd’hui ! » comme tous les