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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/171

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

gens de mer qui voient dans une belle journée un don spécial, et Grand-Louis était si habitué à cette exclamation que lui jetaient ses amis de la lande qu’il la retournait d’un ton chaleureux.

Arrivés à Penmarch, ils se hâtèrent de prendre le sentier de la côte, après que Grand-Louis eut fait envoler d’un seul coup d’œil la nuée de gamins qui se dispu­taient pour les mener aux pierres trem­blantes. Ève riait de voir reculer les jeunes pirates.

Grand-Louis exultait maintenant, débarrassé de la contrainte où il avait été depuis le matin, à cause de ces faces curieuses.

Ils s’assirent sur les rochers que la mer avait creusés en dessous et soulevés et qui paraissaient plus hauts que le reste du monde. À l’horizon, on voyait la courbe dorée de la baie d’Audierne, fermée de deux pointes granitiques entre lesquelles la mer suspen­dait ses filets bleus où reluisaient les écailles du soleil.

De loin en loin apparaissaient des sil­houettes de jeunes filles, les dentellières, qui règnent, frêles princesses aux frêles doigts, aux frêles besognes, dans le domaine du granit et des écumes. On les voit rarement par groupes. Chacune est satisfaite d’être seule avec la mer. Chacune choisit son