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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/173

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

secouée par le vent. L’énorme panorama se réduisait à ces deux éléments : la mer, la terre, car le ciel n’était que la gaze légère qui en atténuait le saisissant relief.

Grand-Louis et elle étaient deux pélerins en marche, sur une terre de solitude et de grandeur. Elle avait le sentiment qu’ils n’atteindraient pas le but en ce monde.

Comme au temps des vacances chez le grand-père et des processions à travers les landes où les cordons noirs de la foule flot­taient après les bannières fleuries, où à la fin du cortège il y avait souvent une femme conduisant par la main quelque simple d’esprit, elle croyait entendre se disperser dans l’espace la grande litanie : « Sainte-Marie de-la-Mer, protégez-nous ! »

Elle posa sa tête sur le genou du saint de pierre, et au bourdonnement des insectes affaibli de chaleur, elle s’endormit. Pour combien de temps ? Quelques moments, une éternité ? Quand elle ouvrit les yeux, rien n’avait changé : les nuages, nonchalam­ment, traversaient le ciel que soutenaient les arches robustes des rochers, et l’homme éternel, penché au-dessus d’elle, attentif à lui protéger le visage de ses grandes mains dressées contre le soleil, la regardait.