Mais avant que Grand-Louis l’eût rejoint, le nageur avait atteint son canot, s’était hissé par-dessus bord pour s’écrouler au fond, la face en avant. Il restait sans mouvement. On voyait ses pieds pendre en dehors.
Ève tremblait maintenant pour Grand-Louis. Tout bon nageur qu’il fût, arriverait-il, lui aussi, jusqu’au bateau, ou allait-il chercher à revenir à terre ? La mer, quoique calme ce jour-là, écumait toujours un peu dans ces parages. Le redoutable rocher de La Teignouse n’était pas loin.
Heureusement, le jeune homme, qui n’avait eu qu’une faiblesse passagère, revint à lui, se redressa, arracha son ancre et se mit à ramer à la rencontre de Grand-Louis.
La mère, entre ses sanglots, disait à Ève :
— Je savais bien qu’il lui arriverait quelque chose. Il n’a que quinze ans, Mademoiselle, et si fou à la mer ! J’ai eu le pressentiment d’un malheur. Je le regardais nager, si loin de tout secours, et j’ai saisi le bras de ma fille en disant : « Jacques va se noyer ! » Et c’est à ce moment-là qu’il a appelé.
On entendit le jeune homme qui criait, sitôt qu’il fut à portée de voix :
— Un requin m’a attaqué !