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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/82

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

Il fouilla sous l’avant qui formait une espèce de coffre, en tira son caban ciré qui était roulé au fond, le secoua et l’en enve­loppa. Puis d’une pression de mains sur ses épaules il la fit se rasseoir.

Il reprit ses rames. Son regard se posait sur elle d’un air d’approbation. Le haut col du caban lui couvrait la moitié du visage, mais il voyait ses yeux et sans doute qu’il comprenait leur expression de bien-être.

Il rama pendant plus d’une heure. Le golfe se vidait peu à peu, et à cause de l’herbier qui se découvrait, il prenait l’appa­rence d’une prairie noyée d’eau où les teintes vertes, grises et bleues se mêlaient, si glau­ques et si fondues qu’on eût dit une vaste toile marine fraîchement peinte et qui sé­chait, étendue à terre.

On arriva à la bouée qui indiquait l’entrée du grand chenal qui traverse tout le golfe et le long duquel on faisait la pêche. Grand-Louis y amarra la barque, car les eaux n’étaient pas encore assez basses pour le bien distinguer. Il fallait attendre.

Alors Ève s’allongea dans le fond, roulée dans le grand manteau. L’eau clapotait contre les bords avec une cadence monotone qu’interrompait le choc sourd du bateau contre la bouée. Elle se mit à prêter à cette