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marie le franc

était au courant des repas de chocolat et de gâteaux au gingembre.

Le prince tapait le plancher de son jonc.

— Eh bien ! l’Angleterre a mis l’embargo sur l’or étranger.

Lui ne se perdait jamais dans les détails. Ayant répondu de sa brève manière, il reprenait son air absorbé, regardait droit devant lui, comme au fond des steppes, pendant que la cousine reprenait son récit.

Ce n’était pas, heureusement, ses seules ressources. Il y avait le château de sa première femme, qui valait aussi des millions.

Il sortait de la poche de sa jaquette un portefeuille de cuir élimé, d’un curieux format, en tirait la photographie d’un château d’aspect abandonné, dont les fenêtres avaient l’air aussi d’yeux de verre. De l’herbe poussait dans la cour. Une autre photographie montrait le prince en veste de travail, la hache à la main, qui abattait un arbre du parc.

Le château était sous scellés depuis bientôt dix ans.

— L’hypothèque ! tranchait-il sourdement.

Et ce mot retombait ainsi qu’un couvercle d’autoclave dans laquelle bouillonnaient des haines de famille.

Il parlait aussi de sa seconde femme, qu’il ap-