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I



DE L’E MUET APRES UNE VOYELLE.


Dans l’intérieur des mots, l'e muet se joint à la voyelle ou au groupe de voyelles qui le précèdent immédiatement et ne forme pas syllabe, à condition que cette voyelle ou cette diphtongue qui précède ne soit pas accentuée[1]

 
Tous trois dé-sa-voue-ront la douleur qui le touche.

(CORNEILLE.)


Remarquons que, dans un certain nombre de mots, cet e muet peut être supprimé par l’orthographe actuelle. L’Académie permet en effet d’écrire dévoûment, dénûment, dénoûment, au lieu de dévouement, dénuement, dénouement, ce qui prouve le peu de valeur de cet e muet dans la prononciation.

À la troisième personne du pluriel des imparfaits et conditionnels de tous les verbes, et au subjonctif des verbes être et avoir dans les formes aient et soient, l'e muet ne compte pas dans la mesure du vers :

 
Quoique l’espoir d’un trône et l’amour d’une reine
Soient des biens que jamais on ne céda sans peine.

(CORNEILLE.)


 
Nos vaisseaux par les vents semblaient être appelés

(RACINE.)
  1. Il en est de même pour les mots composés dans lesquels se rencontre un e muet précédé d’une voyelle ou d’un groupe de voyelles, tels que à tue-tête, prie-dieu, etc.