Page:Le Goffic-Thieulin - Nouveau Traité de versification française, 1897.djvu/26

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Le timon était d’or et les rou-es dorées,

(RONSARD, XVIe siècle.)

On lit même dans Corneille:

Les comtes à ce prix îay-ent le diadème; et dans Molière :

La parti-e brutale alors veut prendre empire*. Mais, depuis le xvip siècle, les règles que nous venons de donner sont plus rigoureusement suivies. Il faut l’avouer : elles ont le grave inconvénient d’appauvrir la langue poétique d’où elles excluent une foule de mots. Aussi peut-on regretter l’abandon du système suivi par nosancienspoètes, ousouhalter (ce que la prononciation moderne permettrait plutôt) qu’il fût permis d’assimiler, dans la mesure du vers, l’emuet après une voyelle accentuée à l’e muet dans l’intérieur du mot ^. Nous ne voyons guère, au reste, pourquoi l’usage autorise l’emploi des imparfaits et des conditionnels quand il proscrit celui des indicatifs et des subjonctifs. On remar. Et encore dans Musset :

On dit qu’elle a des gens qui se noi-ent pour elle. . Ronsard, dans son Art poétique, propose un moyen terme. Quand l’e muet le gêne, il demande qu’on puisse te supprimer, et écrire épés, rou’jou’, venu’, donra, sautra, pour épées, roue, joue, venue, donnera, sautera. Une jeune école contemporaine qui se réclame de Ronsard (l’école romane) lui a emprunté ce procédé entre beaucoup d’autres. Musset lui-même n’y faillait point à l’occasion.

Que mes joues et mes mains bleuiront comme celles D’un noyé…

Pas un qu’avec des pleurs tu n’aies balbutié… Mais il se serait vraisemblablement réclamé sur ce point de Moliùrc plus que de Ronsard :

A la queue de nos chiens, moi seul avec Dréau… (Moi.iÈBE. ;