Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

noces avec une veuve de la localité, Jeanne Lhélicoq, femme Le Guyz. Jean-Louis avait alors dix-huit ans ; la tête carrée, les traits massifs, mais le front large et proéminent, les yeux comme à l’affût sous des sourcils en broussaille et qui se rejoignaient à la racine du nez, il ne se flattait pas que son talent de dessinateur lui pût être un gagne-pain immédiat — encore qu’il tirât quelques ressources de la vente de ses croquis, exposés en permanence dans l’échoppe de son père — et cherchait une profession qui, tout en lui donnant à vivre, lui laissât assez de loisir pour se perfectionner dans son art. Les professions de cette sorte n’ont jamais abondé. Hamon le savait et l’exemple de son aîné Jean-Marie, « engagé comme instituteur congréganiste à la maison-mère de Ploërmel » décida sans doute de sa propre orientation. Toujours est-il que nous le retrouvons, quelques années plus tard, installé, sous le froc noir des frères de Lamennais, dans le vieux couvent à usage de pensionnat et d’école que Pierre, marquis de Coatredrez, chevalier de l’ordre du roi et capitaine de cinquante hommes d’armes de ses ordonnances, fonda en expiation de ses péchés. L’an de grâce 1622, sur un terrain à lui appartenant et jouxtant la rue qui portait à cette époque l’accord et plaisant nom de rue des Jongleurs[1]. Par parenthèses, il ne fallait pas moins que cette pieuse fondation pour faire oublier au peuple les « forseneries, malices et grièvetés » qui

  1. C’est aujourd’hui la rue des Capucins. Les frères de Lamennais occupent les anciens bâtiments des moines.