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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/197

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chargeaient la conscience du puissant seigneur, si tant est que ce soit le même qui s’appostait avec son page sur le chemin de Notre-Dame-du-Yaudet pour enlever les jeunes pennérez dont la « cointise » avait l’heur de lui plaire et le même encore qui, dans une bagarre provoquée par un différend avec le meunier du Pont-de-Papier, noya, décolla ou méhaigna une vingtaine d’artisans lannionnais coupables d’avoir pris fait et cause pour le meunier[1]. Ces mœurs un peu libres sentaient la féodalité et furent courantes en Bretagne jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Pour en revenir à Jean-Louis Hamon, il ne paraît pas que l’habit ecclésiastique lui ait fait une âme très différente de celle qu’on lui avait connue dans le siècle. Tous les témoignages concordent à cet égard. « On lui voyait plus souvent le crayon à la main que son chapelet, me disait quelqu’un. C’était au point qu’à l’église, pendant les offices, une feuille de papier blanc dissimulée dans la coiffe de son chapeau, il croquait à la volée le prédicateur dans sa chaire, le communiant à la Sainte-Table et le « chasse-gueux » sur sa verge de coudrier. » Légende ou vérité, l’anecdote a son prix : elle montre bien que cette semi-cléricature lui

  1. V. dans les Gwerziou Breiz-Izel la pièce intitulée Markiz Tredre et, dans l’Histoire de Lannion de Lenepvou de Carfor, l’analyse du gwerz : Pipi Coatredrez, fondatour ar Capucinet. On remarquera que, dans le gwerz recueilli par Luzel, le marquis de Coatredrez est tué en duel par un sieur de Kerninon ; en fait, le Pierre de Coatredrez qui fonda les Capucins de Lannion fut bien tué en duel aussi, mais par son propre beau-frère Vincent du Parc, marquis de Locmaria (1624).