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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/248

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« Lorsqu’un recteur est aimé, écrivait le président Ilabasque en 1832, il a sur le paysan breton une influence toute puissante. Il le gouverne dans ses moindres actions. Qu’on juge du rôle que joue un maire lorsqu’il se trouve en opposition avec lui ! » Cela est resté vrai à la lettre : il n’y a point d’autorité qui, en opposition avec la sienne, la contraigne ou lui résiste. Le prêtre d’abord. Dans les centres industriels où ils s’expatrient, à Trélazé, au Havre, à Saint-Denis, à Grenelle, les Bretons ont un aumônier à eux, du pays, qui les confesse et leur parle en chaire dans l’idiome national. Cette voix deux fois sainte les sauve de leur grand mal, la nostalgie.

M. Louis Hémon, dans un discours plein d’une belle et sombre éloquence, M. Arthur Dessoye, dans une étude récente sur le Parti libéral et les missions bretonnes de 1818 à 1827, d’autres encore ont dit combien est profonde cette emprise du clergé breton.

Mais M. Hémon est député et M. Dessoye est le vice-président de la Ligue de l’Enseignement. Âmes droites, intelligences réfléchies, ils sont des hommes de parti et ne s’en cachent point. Puis l’un et l’autre avaient surtout en vue le Finistère. Je dirai mon sentiment tout net et qui est que ce que nous avons peine à concevoir, dans ce Paris tolérant jusqu’au scepticisme, s’explique fort bien en un département comme le Finistère, tout frémissant encore des dernières luttes civiles et qui n’attend qu’un mot pour les reprendre. Le clergé m’y paraît un des meilleurs qui soient, appliqué à ses devoirs, extrêmement probe et convaincu. Comme dans les autres départements de