Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/269

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Tolente, Occismor, Sichor, Manathias, ressuscitent soudainement dans leur ancienne splendeur.

La « lieue de grève », près de Saint-Michel, passe pour recéler sous ses sables une de ces cités endormies. Elle s’appelait Lexobie et s’étendait, croit-on, depuis les Triagoz, banc de récifs qui se dit encore en breton Treoger (le bas de la ville, pour Traou ou Traon-ger peut-être), jusqu’à un second banc d’écueils qui ferme l’entrée de Locquirec et qu’on nomme Keinger (le dos ou le haut de la ville). Or, sept lieues de mer séparent Keinger de Treoger ! Lexobie remonte sur l’eau une fois par an, à Noël ; mais rares sont ceux qui l’ont vue et plus rares encore ceux qui ont franchi son enceinte. Il paraît néanmoins qu’il se trouva un homme plus audacieux que les autres pour essayer de tenter la chance et de pénétrer, au coup de minuit, dans cette ville prodigieuse. Il s’appelait Périk Scoarn et il voulait être riche, nous dit Jollivet, afin d’avoir, comme les nobles, un banc garni de cuir rouge à l’église et de pouvoir conduire aux pardons les belles pennérez assises sur la croupe de son cheval et les bras noués autour de sa taille. Il se rendit donc à l’heure prescrite près de la croix qui garde les sables mouvants de Leo-Drez. Le premier coup de minuit tinte : la mer recule et il surgit à sa place un palais d’une incomparable beauté. Périk se précipite. Il sait que le temps presse et que, sous peine d’être englouti dans les sables, il lui faut avoir repassé le seuil du palais avant le douzième coup de minuit. Dans la première chambre où il pénètre, il y a des bahuts pleins d’argent ; dans la seconde de l’or ; dans la troi-