Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/270

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sième des perles ; dans la quatrième des diamants : à la bonne heure ! Périk Scoarn se penche pour en bourrer ses poches ; mais, brusquement, douze jeunes filles sont entrées, si belles à voir toutes les douze que Périk Scoarn en oublie ce qu’il est venu faire et qu’il demeure en extase devant elles… Le dernier coup de minuit tinte : Périk Scoarn était toujours en contemplation devant les douze merveilles… Et c’est pourquoi, au matin, on retrouva son cadavre sur la grève…

Que la triste fin de Périk Scoarn nous serve de leçon ! En vérité, mes amis, mieux vaut du cœur et des lèvres renoncer aux richesses défendues et ne pas quitter l’église, pendant la messe de minuit, pour courir les aventures. Tout à l’heure, du reste, le réveillon battra son plein. On reprendra d’un cœur gai la route du vieux manoir. Jadis, du temps qu’il y avait encore des servitudes féodales, la fin de la messe de minuit était l’occasion de cérémonies singulières. À Coëtmen, par exemple, après le dernier évangile la fabrique devait une poule blanche au seigneur du Tronchais ; le comte de Rays, si j’en crois M. de l’Estourbeillon, avait les mêmes droits à Goudelin sur un coq blanc : cette volaille, les ailes liées, lui était offerte en grande pompe sur la balustrade qui séparait le chœur de sa chapelle privative. Bouffonnerie, direz-vous. Mais les libertés ne tirent point à conséquence que prennent les simples de cœur avec les choses de la religion. Je vois encore qu’en beaucoup de châteaux les tenanciers, après avoir fourni et « apposé » eux-mêmes au foyer du seigneur la bûche ou tison