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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/296

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certain nombre de compartiments ou mansions. Cette mise en scène coûtait lourd et réclamait des escarcelles bien garnies. Si quelques villes s’en permirent le luxe, ce n’a dû être qu’aux occasions solennelles ou quand un grand seigneur en prenait les frais à sa charge, comme il arriva pour la représentation du mystère de la Passion et Résurrection de Notre Seigneur qui fut donnée à Rennes en 1430[1]. Plus tard, et quand le public des campagnes se fut épris du genre, il dut se former dans les petites villes et dans les bourgs des associations dramatiques analogues à celles d’aujourd’hui, où entrèrent des laboureurs, des tailleurs, des forgerons, des commissionnaires, etc. Ces braves gens allèrent au plus simple. « En thèse générale, dit Luzel, les théâtres bretons sont construits avec des planches, placés les unes transversalement, les autres perpendiculairement sur des madriers et des barriques… Quelquefois, à côté du théâtre principal, on en construisait un second, plus petit, un peu plus bas et destiné à jouer les intermèdes[2]. Des deux côtés, il y avait des coulisses reliées entre

  1. Par parenthèses, c’est la première représentation dramatique dont il soit fait mention pour la Bretagne. Elle eut lieu en présence du duc Jean V et fut réglée sur sa cassette particulière, comme en témoigne un compte d’Aufroi Guinot, trésorier-général de Bretagne, qui déclare avoir payé diverses sommes « à plusieurs compagnons et joueurs de la ville de Rennes par mandement du 27 août 1430 » (D. Morice, Preuves, II, 1232).
  2. Fréminville parle aussi de cette disposition singulière dont nous n’avons pas trouvé trace ailleurs. Il se pourrait, d’ailleurs, que Luzel n’eût fait que répéter Fréminville.