Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/297

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elles par un corridor circulaire ; au fond, existait un escalier par où les artistes pouvaient descendre sous la scène pour attendre leur tour de reparaître, pour repasser leurs rôles ou se rafraîchir. » Le détail vaut d’être noté, car le moyen-âge français semble n’avoir point connu ces coulisses, où les acteurs bretons, à l’inverse des siens qui restaient presque toujours en scène, se retiraient librement, une fois leur rôle débité.

C’est sur ce modèle qu’a été construit le théâtre de Ploujean[1]. Respectueux des anciennes traditions, nous n’avons rien négligé pour conserver à ce théâtre son innocent archaïsme. Qu’on n’y cherche point autre chose. Qu’on tâche surtout de se placer dans les conditions d’esprit du public breton et de reculer — avec lui, par delà le temps et l’espace, jusqu’aux âges enchantés de la légende et de la foi. Bien comprise, la représentation de Ploujean rendra peut-être quelque vie à une forme d’art inférieure sans doute, mais tout illuminée par endroits de belles scènes et de fortes pensées et d’autant plus sympathique enfin que, née du peuple et ne s’adressant qu’au peuple, elle est restée fidèle jusqu’au bout à ses origines et à sa destination populaires.



  1. M. Ludovic Durand, qui en avait exécuté la maquette sur nos indications, avait bien voulu aussi dessiner les costumes. Les décors étaient de M. Maxime Maufra ; l’illustration du programme de M. Émile Dézaunay. Il n’est que juste enfin de rappeler le nom de M. Pierre Famel, trésorier du Comité, dont l’expérience financière fut particulièrement précieuse aux organisateurs.