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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/298

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LA STATUE DE LE FLÔ




À Gabriel d’Azémar.

Il y a un maire de Bretagne qui est en train de passer à la postérité : il s’appelle Quirin. Les rudes syllabes de son nom roulent depuis quelques jours sur les lèvres des hommes et peut-être se fût-il satisfait d’une renommée moins bruyante.

Et donc M. Quirin est maire. Il est maire de Lesneven, une petite ville du Finistère qui fit parler d’elle au temps mythologique de la princesse Azénor, des pentierns aux braies rayées et des ermites domestiqueurs de bêtes sauvages. On disait, en ce temps-là et même plus tard, que Lesneven était le soleil du pays de Léon comme Landerneau en était la lune. An nep a ia euz a Landerne da Lesneven, al loar a bar war he gein hag ann heol war he dal. « Qui va de Landerneau à Lesvenen a derrière lui la lune et le soleil sur le front. » Ce sont aujourd’hui des astres bien malades…

Toute recluse qu’on la devine dans son passé conventuel et légendaire, Lesneven a nonobstant donné le jour en ce siècle à un homme dont pourraient s’honorer des cités plus florissantes : c’est de Le Flô que je veux parler. Quand une ville de ce temps possède un grand homme, la dite ville n’a de cesse qu’elle ne lui ait érigé une statue. Le Flô devait avoir la sienne