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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/335

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pour l’arrondissement, car je suis un ami fidèle et dévoué. Je crois donc qu’on ferait bien de m’aider à aller à la Chambre et qu’on ne s’en repentirait pas. »

En somme, s’il n’est pas « sacrifié au désir de faire rentrer un député exclu », la situation se présente bien : il aura « toute la gauche sans difficulté ». Dans le cas contraire, il peut espérer remplacer Bethmont lors d’une vacance prochaine.

Bethmont ne se présenta pas. Cependant, et avant de se prononcer sur la candidature de Jules Simon, le comité électoral de Lannion voulut être renseigné exactement sur sa « position particulière dans l’Université », sur le degré d’indépendance qu’elle lui laissait vis-à-vis du pouvoir, enfin sur son état de fortune, qui ne passait point pour très brillant. M. Robert se chargea de cette enquête délicate et demanda une réponse détaillée et précise. Elle ne se fit pas attendre.

« J’ai assez de fortune, lui écrivit Jules Simon, pour garantir mon indépendance vis-à-vis de ceux qui ne connaîtraient ni moi ni ma position. Pour vous, mon cher ami, la garantie principale doit être mon caractère. Je ne dis pas cela par orgueil ; mes qualités et mes défauts contribuent à me rendre indépendant ; mes qualités, parce que je suis particulièrement fidèle à ma parole et à mes convictions ; et mes défauts, parce que je suis fier et ombrageux, peut-être à l’excès. Cependant je vous prie à l’occasion d’insister sur ma position particulière dans l’Université, parce que seul vous pouvez la bien connaître. Vous savez qu’à l’École normale je suis titulaire et par conséquent inamovible. À la Faculté, je suis suppléant de