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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/370

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en effet que titres et costumes ne correspondent plus à des réalités bien saisissables, que le Gorsedd lui-même n’ait plus de Gorsedd que le nom et ne tourne insensiblement à la petite académie de province. Much ado about nothing ai-je entendu répéter à certains. C’est qu’ils n’étaient point allés en Galles. Ceux qui ont assisté aux Eisteddfodau, qui ont vu, dans le cercle des pierres sacrées, se lever l’archi-druide, grand vieillard blanc au pectoral d’or massif, la tête ceinte d’un feuillage de chêne bronzé, et qui l’ont entendu psalmodier sur la foule inclinée et découverte la prière solennelle du Gorsedd, ceux qui ont fait attention surtout à l’émotion religieuse de cette foule, au vaste sanglot qui la secouait, quand le héraut déroulait la liste funèbre des bardes décédés, puis à l’enthousiasme qui la redressait et l’illuminait toute, quand ce même héraut entonnait l’air national gallois : « La terre des ancêtres, » repris à l’unisson par un chœur formidable de vingt mille voix :

Galles, Galles, la douce demeure est en Galles ;
Jusqu’à la mort dureront mon amour,
Ma passion et mon tourment pour Galles…


ceux-là n’ont plus souri du spectacle et ont compris la magie puissante, la fascination mystérieuse qu’il continue d’exercer sur l’âme impressionnable des Gallois. Le néo-druidisme n’est d’ailleurs point, à proprement parler, une doctrine religieuse. Il s’y agit moins, pour les affiliés, de ressusciter une religion morte que d’honorer et de commémorer cette religion