Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/43

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usage sous le nom de Tir de la Pistolance. C’était une coutume aussi, jadis, de disposer autour du bûcher de grandes pierres plates où l’on croyait que les anaon venaient se réchauffer. Au centre du bûcher était accrochée une chaudière où l’on faisait cuire des viandes à leur intention. En d’autres endroits, les filles et les garçons s’exerçaient à traverser le feu d’un bond rapide. Tous ces vieux us naturistes ont disparu sauf à Saint-Hervé-de-Gourin, où les assistants font encore la veillée autour du tantad et récitent la prière des trépassés.

L’allumage du bûcher, à la tombée du soir, est le signal de la vigile chômée. Les sacristains décorent la chapelle de guirlandes et de fleurs ; les mendiantes préposées aux fontaines miraculeuses s’occupent de les curer et de ranger sur les marges leur batterie de cruchons et d’écuelles ; la poussière de l’église, recueillie avec soin et jetée aux quatre aires de l’horizon, procurera une bonne traversée aux habitants des îles prochaines. Dans tous les pays de mer et quand le saint local, comme il arrive le plus communément, est d’origine cambrienne ou iroise, on dit que le vent saute au nord, la veille du pardon, pour lui permettre de passer le détroit et d’assister à sa fête. Chaque fermier, ce jour-là, tient table ouverte pour ses amis et ses proches. Longtemps à l’avance, les crêpes s’empilent sur les dressoirs ; on renouvelle la provision de beurre frais, de caillibottes et de far. Le reste des pèlerins s’attablera vaille que vaille dans les auberges et sous les tentes en plein air. Toute la paroisse vit dans la fièvre des préparatifs ; seules occu-