Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/58

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des sanctuaires et que rien ne distingue des autres bienheureux : l’imagier l’a représenté, comme dans la légende, ferrant un pied de cheval — un pied qu’il a sectionné pour le mieux ferrer — ; près de lui, sur ses trois autres pieds, la bête bénévole qui s’est prêtée à ce singulier traitement.

Miracle, direz-vous. Eh ! oui, miracle, en mémoire de quoi justement le bon ministre de Dagobert reçoit chaque année la visite des chevaux bretons. Cette visite ne laisse pas d’être assez fructueuse pour les fabriques ; les pièces blanches pleuvent dru, ce jour-là, dans les plateaux des marguilliers. Il s’y ajoute le produit de la vente des bouchado reun ou paquets de crin ; car les fermiers joignent presque toujours à leur offrande en argent une queue de cheval fraîchement coupée, soigneusement peignée et nouée par un ruban aux couleurs vives. À Saint-Éloi-de-Louargat, ces queues, empilées, font rapidement un gros tas qui représente une valeur de plusieurs centaines de francs. Ailleurs (pays de Léon), la fabrique exerce un droit de péage sur les ruisseaux consacrés au saint : droit fort minime, du reste, deux liards par bête, moyennant lesquels on peut l’arroser d’une écuellée d’eau qui la préserve de tous accidents…

Les bêtes à cornes ne sont pas moins bien partagées au spirituel que les bêtes de trait. Elles comptent même plus de protecteurs célestes, puisque sainte Noyale, saint Uzec, saint Herbot, saint Rieul, saint Edern, saint Nicodème, saints Cosme et Damien, sainte Anne de Kléguerec, Notre-Dame de Quelven, Notre-Dame de Crénénan, etc., etc., à leurs