Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/59

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divers pardons voient défiler les troupeaux de vaches et de bœufs des paroisses environnantes ; mais, comme à saint Éloi leurs bêtes de trait, c’est à saint Cornély que les Bretons recommandent de préférence leurs bêtes à cornes. Le grand pardon de ce saint se tient à Carnac le 13 septembre : on y bénit d’abord, avec l’eau et l’encens, à l’issue de la messe paroissiale, devant le grand portail, les bestiaux gracieusement offerts à l’église par les pèlerins ; puis le « troupeau du saint », bannière en tête, est mené sur le champ de foire et vendu aux enchères pour le compte de la fabrique. Encore n’est-il pas rare de voir le donateur racheter lui-même sa bête qu’il conserve désormais dans son étable comme un porte-bonheur. La plupart des saints commis à la protection des bestiaux ont ainsi des troupeaux à eux qui défilent processionnellement le jour de leur fête. En général on offre au saint un veau nouvellement né. Mais la fabrique n’a garde de le revendre dans cet état : le veau sera placé en nourrice chez quelque paysan qui l’engraissera « pour l’amour de Dieu » et le ramènera l’année suivante au pardon, lustré de poil, ruisselant de santé et donc de défaite plus avantageuse.

L’élevage étant la grande richesse du pays breton, par ainsi s’explique la profusion des chapelles consacrées aux saints qui passent pour veiller sur les chevaux et les bêtes à cornes. Et, sans doute, dans cette sollicitude des Bretons pour leurs animaux, je veux bien, qu’il entre une grande part d’intérêt personnel, mais il entre pour le moins autant de sympathie