Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/60

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comme un vague ressouvenir panthéistique de la communion universelle des espèces. « Nulle race, dit justement Luzel, ne conversa aussi intimement avec les êtres inférieurs et ne leur accorda une aussi large part de vie morale. » C’est pourquoi tous ont chez elle et jusqu’aux plus humbles leur protecteur attitré. Saint Jean est préposé à la garde des moutons ; saint Ildut[1] à la garde des volailles ; saint Gingurien à la garde des abeilles ; saint Antoine et saint Méen à la garde des gorets ; saint Merhé, qui fut nourri par une biche, à celle des chèvres, chevreaux et chevrettes. La veille du pardon de ce saint, on étend sous le porche de sa chapelle une litière de paille fraîche où l’on dit qu’à brune vient se coucher la biche miraculeuse. Un des plus gracieux pardons d’animaux se tient à Plougastel-Daoulas. Tous les oiseleurs de la région s’y donnent rendez-vous et, des petites cages d’osier où sont enfermés bruants, rouges-gorges, chardonnerets, fauvettes, étourneaux, grives, tourterelles,

  1. Le pardon de ce saint, qui se tient à Coadout le premier dimanche de l’Avent, est connu dans la région sous le nom de pardon des coqs. « En effet, dit Pol de Courcy, chaque famille fait ce jour-là hommage d’un coq à saint Ildut. Le plus beau est confié à un hardi paysan qui le dépose sur le coq doré qui monte le clocher. Après quelques moments d’hésitation, le coq s’envole et tous les paysans se précipitent à sa poursuite, car un bonheur constant est attaché pendant une année à la possession de ce coq. Les quatre cinquièmes des volatiles ainsi offerts à Saint Ildut sont revendus au profit de l’église ; l’autre cinquième est dévolu au recteur de la paroisse dont la part s’élève parfois à 120 ou 140 coqs. »