Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/61

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monte dans le cimetière et sur le placitre un étourdissant concert destiné, dans la pensée de ses instigateurs, à réjouir là-haut les oreilles des sept grands patrons de la paroisse : Saint Trémeur, saint Claude, saint Jean, sainte Christine, saint Adrien, saint Languy et saint Gwénolé… Saint Houarneau et saint Envel protègent indifféremment tous les animaux domestiques contre les loups, cependant que saint Bieuzy, saint Gueltas[1] et saint Tugen remplissent le même office près des hommes contre les chiens enragés. Au pardon de ce dernier saint, on vend une petite clef en plomb qui passe pour un talisman contre la rage. Ces sortes d’amulettes sont très répandues dans le culte local : aux diverses chapelles de Saint-Cornély, les fabriques débitent des cordes bénites pour attacher les bestiaux ; à Rumengol des pierres rouges (mein ann héol) pour aiguiser les

  1. Ou Gildas. À Plounévez, me dit Félix Le Dantec, on recommande aux personnes menacées par un chien enragé de réciter la formulette suivante dite de saint Gueltas, mais qu’il importe de débiter tout d’une haleine :

    Ki klanv, ke gant da hent.
    Me wel Doue bag ar zent
    Hag ar bannier hag ar groaz
    Hag ann aotrou Sant Weltas
    Ha gant han eue wialenn gwenn,
    A roïo did a dreuz da benn.

    « Chien malade, va ton chemin. — Je vois Dieu et les saints — et la bannière et la croix — et monsieur saint Gueltas — et avec lui une gaule blanche — dont il te donnera à travers la tête. »