Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tie de Mgr l’évêque de Nantes et de « beaucoup d’autres seigneurs et gentilhommes » présents, que, « de la putréfaction des mâts de navires, naissent certains oiseaux qui ne sortent de l’eau pour vivre sur la terre que lorsqu’ils ont toutes leurs plumes ; jusque-là, ils restent fixés au mât par le bec. »

Beatis en demeura estomaqué.

« Ceci est contraire aux lois naturelles, ne put-il s’empêcher de remarquer. Cependant beaucoup de ces oiseaux, au dire des seigneurs, existent en Bretagne, et l’expérience semble contredire la raison. Ils ont la taille d’un gros canard et sont très amusants à voir. Mon illustrissime maître en reçut deux de l’évêque de Nantes, mais, par l’incurie du charretier qui les transporta dans une cabine découverte, ils moururent de froid près de Marseille… »

M. Henry Cochin, dans son introduction, avait pris soin de nous prémunir contre le « gasconisme » des Bretons. Mme Havard de la Montagne exprime à son tour la crainte que le comte de Laval et le duc de Rohan, en narrant à leurs hôtes toutes ces choses singulières, n’aient voulu se payer leurs têtes. Peu satisfaite de cette précaution, elle rappelle encore dans une note que les « affirmations » du comte de Laval ne doivent être acceptées que sous bénéfice d’inventaire.

Eh bien ! j’en demande pardon à Mme Havard et à M. Cochin, mais ni le comte de Laval, ni le duc de Rohan ne gasconnaient. En l’état des connaissances sans doute, les faits qu’ils racontaient avaient toute l’apparence du merveilleux : la science en a expliqué quelques-uns ; elle expliquera peut-être les autres.

Je ne sais (et j’en doute) si le « miracle » de la cane et de ses petits se produit toujours à la fête de