Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/276

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maires, touchants de crédulité, de foi naïve dans la Science — avec une majuscule cette fois — ont été bouleversés par le dernier livre de leur auteur préféré. L’un d’eux écrivait :

« Que penserait-on d’un général qui ferait tirer sur ses troupes ? Telle est exactement l’impression de douloureuse stupeur qu’a produite sur nous la nouvelle attitude de M. Le Dantec ».

Je dois dire que la stupeur a été moins vive et surtout moins douloureuse chez ceux qui croient connaître vraiment Le Dantec. Que parle-t-on de sa « nouvelle » attitude ? Comme il n’avait pas réfléchi jusqu’ici aux problèmes politiques, il demeurait vis-à-vis d’eux sur une prudente réserve : le jour qu’il s’y est sérieusement appliqué, il est arrivé à des conclusions qui l’ont surpris et peut-être contristé tout le premier, mais qu’il n’a pas pu ne pas adopter, parce qu’elles lui étaient imposées par une force supérieure à ses propres inclinations.

Le Dantec « fait de la logique » comme d’autres font des calembours ou de la tuberculose. C’est son état naturel. Il a, de son maître Pasteur, le souverain détachement, la magnifique impersonnalité scientifique : aucune affirmation, s’il ne l’a préalablement vérifiée, n’a pour lui la valeur d’un article de foi, et, conservant dans l’ordre politique la même liberté d’examen que dans l’ordre scientifique, analysant, définissant, enchaînant — toutes choses inconnues d’un Jean-Jacques —, il était inévitablement exposé à bousculer dans ses conclusions le nuageux édifice des annonciateurs de la Cité future. Observez que les mêmes hommes qui lui font grief aujourd’hui de son indépendance d’esprit à l’égard des « immortels principes » ne trouvaient pas assez d’éloges pour sa critique incisive du spiritualisme. Tant